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Methyl iodide

1. NOM
   1.1 Substance
   1.2 Classe
   1.3 Synonymes
   1.4 Numéros d'identification
      1.4.1 Numéro CAS
      1.4.2 Autres numéros
   1.5 Noms commerciaux
   1.6 Fabricants et importateurs
2. RESUME
   2.1 Principaux risques et organes cibles
   2.2 Résumé des effets cliniques
   2.3 Diagnostic
   2.4 Premiers gestes et principes de traitement
3. PROPRIETES PHYSICO-CHIMIQUES
   3.1 Origine de la substance
   3.2 Structure chimique
   3.3 Propriétés physiques
      3.3.1 Couleur
      3.3.2 Etat/Présentation
      3.3.3 Description
   3.4 Autres caractéristiques
4. UTILISATIONS / CIRCONSTANCES D'INTOXICATION
   4.1 Utilisations
      4.1.1 Utilisations
      4.1.2 Description
   4.2 Principales circonstances d'intoxication
   4.3 Population professionnellement exposée
5. VOIES D'ENTREE
   5.1 Voie orale
   5.2 Inhalation
   5.3 Voie cutanée
   5.4 Voie oculaire
   5.5 Voie parentérale
   5.6 Autres
6. CINETIQUE
   6.1 Absorption
   6.2 Distribution
   6.3 Demi-vie biologique
   6.4 Métabolisme
   6.5 Elimination
7. TOXICOLOGIE
   7.1 Mécanisme d'action
   7.2 Toxicité
      7.2.1 Données chez l'homme
         7.2.1.1 Adultes
         7.2.1.2 Enfants
      7.2.2 Données chez l'animal
      7.2.3 Données in vitro
      7.2.4 Normes en milieu de travail
      7.2.5 Dose journalière admissible (DJA) et autres taux indicatifs
   7.3 Cancérogénicité
   7.4 Tératogénicité
   7.5 Mutagénicité
   7.6 Interaction
8. ANALYSES TOXICOLOGIQUES ET EXAMENS BIOCHIMIQUES
   8.1 Echantillonnage
      8.1.1 Prélèvement de spécimens et d'échantillons
         8.1.1.1 Analyses toxicologiques
         8.1.1.2 Analyses biomedicales
         8.1.1.3 Analyse des gaz du sang artériel
         8.1.1.4 Analyses hématologiques
         8.1.1.5 Autres analyses (non spécifiées)
      8.1.2 Stockage des spécimens et échantillons de laboratoire
         8.1.2.1 Analyses toxicologiques
         8.1.2.2 Analyses biomedicales
         8.1.2.3 Analyse des gaz du sang artériel
         8.1.2.4 Analyses hématologiques
         8.1.2.5 Autres analyses (non spécifiées)
      8.1.3 Transport des spécimens et échantillons de laboratoire
         8.1.3.1 Analyses toxicologiques
         8.1.3.2 Analyses biomédicales
         8.1.3.3 Analyse des gaz du sang artériel
         8.1.3.4 Analyses hématologiques
         8.1.3.5 Autres analyses (non spécifiées)
   8.2 Analyses toxicologiques et interprétation
      8.2.1 Tests sur le(s) élément(s) toxiques des échantillons
         8.2.1.1 Test(s) qualitatif(s) simple(s)
         8.2.1.2 Test(s) qualitatif(s) de confirmation
         8.2.1.3 Méthode(s) quantitative(s) simple(s)
         8.2.1.4 Méthode(s) quantitative(s) de confirmation
      8.2.2 Test(s) sur les spécimens biologiques
         8.2.2.1 Test(s) qualitatif(s) simple(s)
         8.2.2.2 Test(s) qualitatif(s) de confirmation
         8.2.2.3 Méthode(s) quantitative(s) simple(s)
         8.2.2.4 Méthode(s) quantitative(s) de confirmation
         8.2.2.5 Autre(s) méthode(s) spécifique(s)
      8.2.3 Interprétation des analyses toxicologiques
   8.3 Examens biomédicaux et interprétation
      8.3.1 Analyse biochimique
         8.3.1.1 Sang, plasma ou sérum
         8.3.1.2 Urine
         8.3.1.3 Autres liquides
      8.3.2 Analyse des gaz du sang artériel
      8.3.3 Analyses hématologiques
      8.3.4 Interprétation des examens biochimiques
   8.4 Autres examens biochimiques (diagnostiques) et interprétation
   8.5 Interprétation globale de l'ensemble des analyses et examens toxicologiques
   8.6 References
9. EFFETS CLINIQUES
   9.1 Intoxication aiguë
      9.1.1 Ingestion
      9.1.2 Inhalation
      9.1.3 Voie cutanée
      9.1.4 Contact oculaire
      9.1.5 Voie parentérale
      9.1.6 Autres voies
   9.2 Intoxication chronique
      9.2.1 Ingestion
      9.2.2 Inhalation
      9.2.3 Exposition cutanée
      9.2.4 Contact oculaire
      9.2.5 Voie parentérale
      9.2.6 Autres
   9.3 Evolution, pronostic, causes du décès
   9.4 Description analytique des effets cliniques
      9.4.1 Cardiovasculaires
      9.4.2 Respiratoires
      9.4.3 Neurologiques
         9.4.3.1 Système nerveux central
         9.4.3.2 Système nerveux périphérique
         9.4.3.3 Système nerveux autonome
         9.4.3.4 Muscles lisses et muscles striés
      9.4.4 Gastro-intestinaux
      9.4.5 Hépatiques
      9.4.6 Urinaires
         9.4.6.1 Rénaux
         9.4.6.2 Autres
      9.4.7 Endocriniens, et effets sur l'appareil génital
      9.4.8 Dermatologiques
      9.4.9 Oculaires et otorhinolaryngologiques: effets locaux
      9.4.10 Hématologiques
      9.4.11 Immunologiques
      9.4.12 Métaboliques
         9.4.12.1 Equilibre acido-basique
         9.4.12.2 Equilibre hydroélectrolytique
         9.4.12.3 Autres
      9.4.13 Réactions allergiques
      9.4.14 Autres effets cliniques
      9.4.15 Risques particuliers
   9.5 Autres
   9.6 Résumé
10. TRAITEMENT
   10.1 Principes généraux
   10.2 Maintien des fonctions vitales et traitement symptomatique
   10.3 Décontamination
   10.4 Elimination
   10.5 Traitement antidotique
      10.5.1 Adultes
      10.5.2 Enfants
   10.6 Discussion des modalités thérapeutiques
11. ILLUSTRATION PAR DES CAS CLINIQUES
   11.1 Cas publiés
12. INFORMATIONS COMPLEMENTAIRES
   12.1 Mesures de prévention
   12.2 Autres
13. REFERENCES
14. AUTEUR, LECTEURS, DATES, ADRESSES
    IODOMETHANE
    (Methyl iodide)

    International Programme on Chemical Safety
    Poisons Information Monograph 026
    Chemical

    1.  NOM

        1.1  Substance

             Iodométhane

        1.2  Classe

             Hydrocarbure aliphatique, halogéné

        1.3  Synonymes

             Iodure de méthyle (français)

        1.4  Numéros d'identification

             1.4.1  Numéro CAS

                    74.88.4

             1.4.2  Autres numéros

                    UN - 2644
                    IUPAC: iodométhane
                    RTCECS: NIOSH/PA 94 50 000
                    CEC 602 005 009
                    IMCO 6.1
                    EPA U 138

        1.5  Noms commerciaux

        1.6  Fabricants et importateurs

             Alfa products, Burlington Biomedical Group Corp.,
             Carroll products Inc., D & O Chemicals Deepwater Chem. Co,
             Eastern Chem., Jonos Chemical Corp, Rhone Poulenc Inc., While
             Chem. Corp., Columbia Organic Chem. Co., RSA Corp., Charkit,
             Chemical Corp., Davos Chemical Corp., ICI Americas Corp.,
             E.B. Knight, Robeco Chemicals, Fairmount Chem. Co Inc.

    2.  RESUME

        2.1  Principaux risques et organes cibles

             L'iodométhane atteint essentiellement le système nerveux
             central, l'intoxication aiguë pouvant entraîner la mort.

        2.2  Résumé des effets cliniques

             - Symptômes neurologiques: céphalées, syndrome
             cérébelleux (troubles de l'équilibre et de la marche,
             dysarthrie), diplopie, nystagmus, agitation, confusion,
             coma.
             - Manifestations psychiatriques: au décours de l'intoxication
             subaiguë, détérioration intellectuelle, idées paranoïdes,
             dépression.
             - Manifestations digestives: vomissements, diarrhées.
             - Manifestations cutanées: brûlures en cas de contact direct
             avec la peau.

        2.3  Diagnostic

             - Le diagnostic repose sur l'anamnèse et/ou sur
             l'apparition de signes neurologiques à type de céphalées,
             vertiges, troubles de l'équilibre, diplopie, confusion
             mentale, somnolence; les premières manifestations surviennent
             après un intervalle libre de quelques heures à 2 jours.
             La mesure de l'iode sanguin et urinaire permet de confirmer
             le diagnostic, mais n'a pas de valeur pronostique.
             L'alkylation des protéines plasmatiques (albumine) et
             érythrocytaires (globine) peut également être utilisée pour
             quantifier l'intoxication.

        2.4  Premiers gestes et principes de traitement

             - Soustraire l'intoxiqué à l'atmosphère contaminée.
             - Lavage à l'eau pendant 15 mn des zones cutanées contaminées
             en cas de projection.
             - Hospitalisation en milieu spécialisé
             - Traitement symptomatique des troubles digestifs et
             neurologiques.

    3.  PROPRIETES PHYSICO-CHIMIQUES

        3.1  Origine de la substance

             - Origine naturelle. Les océans sont la principale
             source de production d'iodure de méthyle.
             - L'iodométhane radio-actif est produit par certaines
             réactions nucléaires.
             - L'iodométhane a été préparé en 1909 par électrolyse d'une
             solution aqueuse d'acétate de potassium et d'iode ou d'iodure
             de potassium.
             - Il est produit couramment par réaction de méthanol, d'iode
             et de phosphore.
             - L'iodométhane peut être synthétisé par réaction du
             diméthylsulfate avec de l'iode en présence d'un agent
             réducteur (fer ou du bisulfite de sodium).
             (IARC, 1986)

        3.2  Structure chimique

             Formule brute
             CH3I
             C 8,46% H 2,13% I 89,41%
    
             Poids moléculaire
             141,95

        3.3  Propriétés physiques

             3.3.1  Couleur

                    Incolore.

             3.3.2  Etat/Présentation

                    Liquide à température ambiante.

             3.3.3  Description

                    Liquide incolore d'odeur piquante; il prend une
                    couleur brune lors de l'exposition à la lumière.
                    - Point d'ébullition: 42,4°C
                    - Point de fusion: 66,4°C
                    - Densité de vapeur: 4,9 (air = 1)
                    - Tension de vapeur: 400 mm de mercure à 25,3°C
                    - Solubilité: dans l'eau - 1,4 g/100 ml à 20°C
                      très soluble dans l'acétone, l'éthanol, le benzène, le
                      diéthyléther et le tétrachlorure de carbone.
                    - Viscosité: 0,606 cp à 0°C; 0,424 cp à 40°C
                    - Densité du liquide (d 20/4): 2,28
                    (Budavari, 1996)

        3.4  Autres caractéristiques

             - Décomposition dans l'eau avec une demi-vie de 23,9 h à
               100°C
             - Non inflammable, non explosible
             - Incompatible avec des oxydants puissants
             - La décomposition thermique produit de l'iode et de l'iodure
               d'hydrogène
             - 1 ppm = 5,81 mg/m3

    4.  UTILISATIONS / CIRCONSTANCES D'INTOXICATION

        4.1  Utilisations

             4.1.1  Utilisations

             4.1.2  Description

                    - Agent méthylant utilisé dans les industries
                    chimique et pharmaceutique.
    

                    - Utilisé en microscopie pour son indice de réfraction
                      élevé et comme réactif pour l'identification de la
                      pyridine.
                    - Catalyseur dans la production de plomb tétraméthyle
                      et tétraéthyle, d'hydrures de bore et de
                      magnésium.
                    - Utilisé dans les circuits électroniques.
                    - A été employé comme agent d'extinction.
                    - A été utilisé comme désinfectant des sols, pour la
                      culture du tabac et comme fumigant, pour le traitement
                      des semences de sorgho.
                      (IARC, 1986)

        4.2  Principales circonstances d'intoxication

             Les risques d'intoxication sont les plus élevés dans les
             industries chimiques et pharmaceutiques utilisant
             l'iodométhane.
             Un cas d'intoxication a été rapporté dans une usine de
             colorants.

        4.3  Population professionnellement exposée

             Chimistes et techniciens des industries chimique et
             pharmaceutique.

    5.  VOIES D'ENTREE

        5.1  Voie orale

             Pas de donnée disponible chez l'homme.
             Expérimentalement, chez le rat (Gansewendt et coll., 1991) et
             la souris (Buckell, 1950), l'administration orale d'iodure de
             méthyle a produit une intoxication systémique.

        5.2  Inhalation

             C'est le principal mode de pénétration rapporté chez
             l'homme.

        5.3  Voie cutanée

             Atteinte locale. Pas de données disponibles sur
             l'intoxication systémique par cette voie. Dans tous les cas
             publiés d'intoxication systémique où il existait une
             contamination cutanée, celle-ci était associée à une
             exposition à des vapeurs d'iodure de méthyle.

        5.4  Voie oculaire

             Atteinte locale.

        5.5  Voie parentérale

             Un des cas publiés d'intoxication aiguë humaine par
             l'iodure de méthyle a résulté d'une injection intraveineuse
             (Robertz-Vaupel et coll., 1991).
             Expérimentalement, chez le lapin, l'injection sous-cutanée
             d'iodure de méthyle a produit une intoxication systémique
             (Hasegawa et coll., 1971).

        5.6  Autres

             Pas de données disponibles.

    6. CINETIQUE

        6.1  Absorption

             La rétention de l'iodure de méthyle dans l'arbre
             respiratoire, mesurée chez 18 volontaires exposés à des
             vapeurs était en moyenne de 72% (53 à 92%); elle augmentait
             avec la fréquence respiratoire (Morgan et Morgan, 1967).

        6.2  Distribution

             Chez l'homme, 30 à 40% de l'iode introduit dans
             l'organisme sous forme d'iodure de méthyle seraient
             distribués dans la thyroïde (Morgan et coll., 1967).
             Chez le lapin, après administration sous-cutanée d'iodure de
             méthyle marqué, les concentrations les plus élevées ont été
             mesurées au niveau du système nerveux central, du foie, des
             reins et du sang (Hasegawa et coll., 1971).

        6.3  Demi-vie biologique

             Pas de donnée disponible.

        6.4  Métabolisme

             Les métabolites urinaires de l'iodométhane après
             administration de 50 mg/kg par voie sous-cutanée chez le rat
             sont les suivants: S-méthylcystéine, acide
             méthylthioacétique, N-méthylthioacétylglycine, acide
             méthylmercapturique (Barnsley et Young, 1965).
    
             Après administration orale chez le rat, l'iodométhane est
             conjugué avec le glutathion pour former le S-méthylglutathion
             et donner les métabolites énumérés ci-dessus (Johnson, 1966).
             Chez l'homme, cette conjugaison avec le glutathion est tout à
             la fois non-enzymatique et catalysée par une glutathion
             transférase, mais la réaction non-enzymatique est
             quantitativement bien plus importante que la conjugaison
             catalysée par la glutathion transferase (Hallier et coll.,
             1990). Le méthylglutathion est ensuite transformé en

             S-méthylcystéine par des transpeptidases. Les étapes
             suivantes du métabolisme aboutissent à la formation d'acide
             méthylthioacétique et de méthylthioacétylglycine puis de
             formaldéhyde, probablement par l'intermédiaire du
             méthanethiol; la production de formaldéhyde s'accompagne de
             celle d'hydrogène sulfuré (Bonnefoi et coll., 1991; Kornbrust
             et coll., 1983).
             Chez l'homme: pas de donnée disponible.

        6.5  Elimination

             Le S-méthylglutathion est partiellement excrété dans la
             bile. Deux expériences menées chez le rat ont montré que 22
             et 28% de l'iodométhane administré par voie orale à la dose
             de 50 mg/kg, étaient détectés dans la bile au cours des 6
             heures suivantes, principalement sous forme de S-
             méthylglutation associé à des traces de S-méthylcystéine
             (Johnson, 1966 a et b).
             Un pour cent d'une dose orale de 76 mg/kg, administrée à des
             rats, a été excrété dans l'air expiré, au cours des 30
             minutes suivantes (Johnson, 1966).
             Chez le rat, l'excrétion urinaire de S-méthylcystéine,
             d'acide méthylmercapturique, d'acide méthylthioacétique et de
             N-(méthylthioacétyl)-glycine représentait 2% de l'iodométhane
             administré par voie sous-cutanée (Barnsley et Young, 1965).
             Chez l'homme, après l'inhalation d'iodure de méthyle marqué à
             l'iode 132, 30% de la radioactivité administrée ont été
             excrétés dans les urines, au cours des 5 heures suivantes
             (Morgan et coll., 1967).

    7.  TOXICOLOGIE

        7.1  Mécanisme d'action

             Le mécanisme des effets toxiques de l'iodure de méthyle
             est inconnu. C'est un agent alkylant qui peut se lier aux
             macromolécules (Xu et coll., 1990; Gansewendt et coll.,
             1991). Il est généralement admis que la méthylation des
             macromolécules intracellulaires joue un rôle majeur dans le
             mécanisme d'action de l'iodure de méthyle et que la
             conjugaison au glutathion a un effet protecteur.
             De fait, l'iodure de méthyle a induit une déplétion en
             glutathion dans divers systèmes (Johnson, 1966, a, b; Cagen
             et Klaassen, 1980; Bonnefoi et coll., 1991). Cependant, la
             signification de cette observation n'est pas claire: la
             déplétion en glutathion pourrait être la première étape d'un
             processus aboutissant à l'alkylation des composants
             cellulaires et à la cytolyse; elle pourrait aussi n'indiquer
             que la conjugaison de l'iodure de méthyle, le
             S-méthylglutathion étant le précurseur de métabolites
             toxiques tels que le formaldéhyde et d'hydrogène sulfuré.
    

             Robertz-Vaupel et collaborateurs (1991) ont récemment
             rapporté l'observation d'un homme de 19 ans qui s'était
             injecté volontairement 14 g d'iodure de méthyle par voie
             intra-veineuse. Il a été traité par hémoperfusion et a reçu
             de la N-acétylcystéine. Il n'a eu qu'une intoxication
             bénigne. Cette observation est en faveur de l'efficacité de
             la N-acétylcystéine et d'un rôle majeur de la déplétion en
             glutathion et de l'alkylation des macromolécules cellulaires
             dans le mécanisme des effets toxiques de l'iodure de méthyle,
             mais elle n'en est pas une démonstration.
    
             Les travaux expérimentaux de Bonnefoi sont, au contraire, en
             faveur d'un rôle majeur des métabolites ultimes: le
             formaldéhyde et l'hydrogène sulfuré (Bonnefoi, 1992). Dans
             des cultures de cellules, cet auteur a montré que la
             déplétion en glutathion cytosolique était le premier signe de
             la toxicité de l'iodure de méthyle mais qu'elle n'était pas
             responsable de la mort cellulaire qui résultait d'une
             atteinte mitochondriale. Or, la mitochondrie est la cible de
             l'un des probables métabolites ultimes de l'iodure de
             méthyle, l'hydrogène sulfuré qui est un fort inhibiteur de la
             cytochrome oxydase.

        7.2  Toxicité

             7.2.1  Données chez l'homme

                    7.2.1.1  Adultes

                             L'application de 1 ml d'iodure de
                             méthyle sur l'avant bras, à l'air libre, d'un
                             volontaire n'a produit aucun effet (Buckell,
                             1950).
    
                             L'application de la même dose sous un
                             pansement occlusif de 1 cm2 maintenu
                             pendant 10 minutes a produit une sensation de
                             piqûre et un érythème qui s'est étendu au
                             cours des 6 heures suivantes, pour atteindre
                             une superficie d'environ 5 cm2, cependant
                             qu'apparaissaient des papules et des
                             vésicules (Buckell, 1950).
    
                             Chez un homme de 19 ans, l'injection intra-
                             veineuse de 14 g (6 ml) d'iodure de méthyle a
                             produit une somnolence, une agitation, une
                             acidose métabolique et des convulsions
                             (Robertz-Vaupel et coll., 1991).

                    7.2.1.2  Enfants

                             Pas de données disponibles.

             7.2.2  Données chez l'animal

                    Toxicité aiguë
                    Chez le rat, la DL50 par voie orale est de 76 à 110
                    mg/kg (RTECS, 1997). Elle est de 110 mg/kg par voie
                    sous-cutanée. Dans cette espèce, la CL50 est de 1300
                    mg/m3, pendant 4 heures (RTECS, 1997). L'exposition
                    de rats à 22 000 mg/m3, pendant 15 minutes a
                    entraîné la mort des animaux; l'autopsie montrait une
                    irritation bronchique et un oedème aigu pulmonaire
                    (Torkelson et Rowe, 1981).
                    Chez la souris, la DL50 par voie sous-cutanée est de
                    110 à 220 mg/kg (Buckell, 1950); elle est de 172 mg/kg
                    par voie intrapéritonéale (RTECS, 1997). La CL50 est
                    de 5000 mg/m3, pendant 57 minutes (Buckell, 1950);
                    la CL0 est de 78 693 ppm pendant 10 minutes ou de 18
                    109 ppm, pendant 30 minutes (HSDB, 1997). L'exposition
                    de souris à 85 000 mg/m3 a produit, immédiatement,
                    des signes d'irritation respiratoires, oculaires et
                    cutanés, ainsi qu'une agitation et une somnolence,
                    puis un coma et la mort de tous les animaux en moins
                    de 85 minutes (Buckell, 1950). A 50 000 mg/m3,
                    pendant 10 minutes, les animaux perdaient connaissance
                    en moins de 30 minutes. L'exposition à 25 000 mg/m3
                    pendant 10 minutes n'a produit que des signes
                    d'irritation, mais tous les animaux sont morts en
                    moins de 24 heures. A 5000 mg/m3, il n'y avait plus
                    de signe d'irritation mais les animaux sont morts au
                    cours des 24 heures suivantes. L'autopsie a montré une
                    congestion pulmonaire dans tous les cas (Buckell,
                    1950).
                    Chez le cobaye la DL50 par voie orale est de 51 mg/kg
                    (RTECS, 1997).
                    Chez le lapin, l'injection sous-cutanée de 53,5 à 57
                    mg/kg d'iodure de méthyle a produit une
                    hypertriglycéridémie et une hyperglycémie (Hasegawa et
                    coll., 1971; Ohmichi, 1977).
    
                    Propriétés irritantes
                    L'iodure de méthyle (1 ml x 30 minutes) est faiblement
                    irritant pour la peau, chez le rat (Buckell, 1950).
                    Il est fortement irritant pour la peau et l'oeil chez
                    le lapin (RTECS, 1997).
    
                    Toxicité à terme
                    L'exposition quotidienne répétée de souris à 1000
                    mg/m3 d'iodure de méthyle a été responsable de la
                    mort de tous les animaux après une exposition totale
                    de 11 à 43 h. L'examen histologique a montré une
                    atteinte tubulaire rénale chez tous ces animaux
                    (Buckell, 1950). Vingt expositions à 500 mg/m3 sur
    

                    une période de 30 jours (totalisant 125 heures) n'ont
                    pas entraîné d'anomalie cliniquement décelable
                    (Buckell, 1950).
                    L'administration orale de 30 à 50 mg/kg d'iodure de
                    méthyle, 5 jours par semaine, pendant un mois, n'a pas
                    non plus produit d'effet toxique cliniquement
                    décelable, mais elle a entraîné une déplétion en
                    thiols non protéiques, au niveau du foie et des reins
                    (Johnson, 1966a).
                    Les effets de l'iodure de méthyle sur la reproduction
                    ne sont pas connus.

             7.2.3  Données in vitro

                    Pas de données disponibles.

             7.2.4  Normes en milieu de travail

                    . Australie: valeur limite de moyenne
                      d'exposition (VME) = 2 ppm (10 mg/m3)
                    . Belgique: VME = 2 ppm (12 mg/m3)
                    . Danemark: VME = 1 ppm (5,6 mg/m3)
                    . Finlande: VME = 5 ppm (28 mg/m3)
                    . Pays-Bas: VME = 2 ppm (10 mg/m3)
                    . Philippines: VME = 5 ppm (28 mg/m3)
                    . Pologne: VME = 10 mg/m3
                    . Royaume Uni: VME = 5 ppm (28 mg/m3)
                    . Suède: VME = 1 ppm (6 mg/m3)
                    . Suisse: VME = 2 ppm (12 mg/m3)
                    . USA (ACGIH): VME = 2 ppm (12 mg/m3)

             7.2.5  Dose journalière admissible (DJA) et autres taux
                    indicatifs

                    0,41 µg (HSDB, 1997).

        7.3  Cancérogénicité

             Homme
             Pas de donnée disponible.
    
             Animal
    
             Administration sous-cutanée
             Des groupes de rats, âgés d'environ une centaine de jours,
             ont reçu, chaque semaine, des injections sous-cutanées
             d'iodométhane dans de l'huile d'arachide à raison de 10 mg/kg
             (16 animaux) et 20 mg/kg (8 animaux) pendant 1 an (dose
             totale 500 ou 900 mg/kg). Quatorze animaux ont reçu une seule
             injection sous-cutanée de 50 mg/kg. Quatre des seize et deux
             des huit animaux des deux premiers groupes sont morts de
             pneumonie. Des sarcomes au point d'injection sont apparus
             chez 9 rats sur 12 ayant reçu une seule injection de

             50 mg/kg. Aucun sarcome n'est apparu chez les rats témoins
             n'ayant reçu que de l'huile d'arachide. Les tumeurs sont
             apparues plus d'un an après l'injection. Histologiquement il
             s'agissait de fibrosarcomes et de sarcomes à cellules rondes
             et en fuseau. Dans la plupart des cas, des métastases
             pulmonaires et ganglionnaires ont été observées (Druckrey et
             coll., 1970).
    
             Administration intra-péritonéale
             L'induction de tumeurs pulmonaires par l'iodométhane a été
             étudiée chez la souris. Les animaux traités ont reçu une
             injection intrapéritonéale 3 fois par semaine, jusqu'à un
             total de 24 injections et une dose de 8,5, 21,3 ou 44 mg/kg.
             Deux groupes témoins ont été constitués: un groupe de 30
             souris ne recevant aucune injection et un groupe de 160
             souris recevant de la tricapryline. Le nombre de survivants
             était de 29/30 et 156/160 respectivement dans les groupes
             témoins et de 19/20 pour les animaux recevant la plus faible
             dose, 20/20 chez les souris recevant la dose moyenne et 11/20
             chez les animaux recevant la plus forte dose. Le nombre de
             souris survivantes ayant développé des tumeurs pulmonaires
             était de 6/29, 34/156, 4/19, 6/20 et 5/11 dans les cinq
             groupes, respectivement. Le nombre moyen de tumeur pulmonaire
             par souris était 0,21; 0,22; 0,21; 0,30 et 0,55. Deux groupes
             témoins positifs ont reçu une seule injection
             intrapéritonéale de 10 ou 20 mg d'uréthane. Tous les animaux
             ont développé des tumeurs pulmonaires (Poirier et coll.,
             1975).
    
             Le Centre International de Recherche sur le Cancer (IARC,
             1986) estime qu'il y a des preuves limitées de la
             cancérogénicité  de l'iodure de méthyle chez l'animal et que
             sa cancérogénicité pour l'espèce humaine n'est pas évaluable
             (groupe 3).

        7.4  Tératogénicité

             Pas de donnée disponible.

        7.5  Mutagénicité

             - L'iodométhane a produit des mutations chez E. Coli
             (Rosenkranz et Poirier, 1979).
             - L'iodométhane est mutagène pour les souches TA 100 et TA
             1535 de Salmonella typhimurium, mais pas pour les souches TA
             98, TA 1536, TA 1537 et TA 1538 (IARC, 1986).
             - L'iodométhane n'a pas produit de mutation chez Aspergillus
             nidulans. Il a induit des recombinaisons chez Saccharomyces
             cerevisiae (IARC, 1986).

             - L'iodométhane a induit des mutations et des réarrangements
             chromosomiques dans les cellules de lymphome de souris en
             culture (IARC, 1986). Il a également induit des mutations
             dans des cultures de cellules ovariennes de hamster chinois
             (IARC, 1986).
             - L'addition d'iodométhane à des cultures de cellules
             embryonnaires de hamsters syriens à des doses de 0,1 µg/ml
             pendant 8 jours a induit des transformations
             morphologiques.
             - Des cellules de souris C3H 10T1/2 traitées par de
             l'iodométhane à une dose de 100 à 250 µg/ml pendant trois
             jours n'ont pas subi de transformation (IARC, 1986).
             - Chez des rats ayant reçu de l'iodure de méthyle marqué par
             voie orale ou par inhalation, des adduits à l'ADN ont été
             détectés au niveau du foie, des poumons et de l'estomac
             (Gansewendt et coll., 1991).

        7.6  Interaction

             Pas de donnée disponible.

    8.  ANALYSES TOXICOLOGIQUES ET EXAMENS BIOCHIMIQUES

        8.1  Echantillonnage

             8.1.1  Prélèvement de spécimens et d'échantillons

                    8.1.1.1  Analyses toxicologiques

                    8.1.1.2  Analyses biomedicales

                    8.1.1.3  Analyse des gaz du sang artériel

                    8.1.1.4  Analyses hématologiques

                    8.1.1.5  Autres analyses (non spécifiées)


             8.1.2  Stockage des spécimens et échantillons de laboratoire

                    8.1.2.1  Analyses toxicologiques

                    8.1.2.2  Analyses biomedicales

                    8.1.2.3  Analyse des gaz du sang artériel

                    8.1.2.4  Analyses hématologiques

                    8.1.2.5  Autres analyses (non spécifiées)

             8.1.3  Transport des spécimens et échantillons de laboratoire

                    8.1.3.1  Analyses toxicologiques

                    8.1.3.2  Analyses biomédicales

                    8.1.3.3  Analyse des gaz du sang artériel

                    8.1.3.4  Analyses hématologiques

                    8.1.3.5  Autres analyses (non spécifiées)

        8.2  Analyses toxicologiques et interprétation

             8.2.1  Tests sur le(s) élément(s) toxiques des échantillons

                    8.2.1.1  Test(s) qualitatif(s) simple(s)

                    8.2.1.2  Test(s) qualitatif(s) de confirmation

                    8.2.1.3  Méthode(s) quantitative(s) simple(s)

                    8.2.1.4  Méthode(s) quantitative(s) de confirmation

             8.2.2  Test(s) sur les spécimens biologiques

                    8.2.2.1  Test(s) qualitatif(s) simple(s)

                    8.2.2.2  Test(s) qualitatif(s) de confirmation

                    8.2.2.3  Méthode(s) quantitative(s) simple(s)

                    8.2.2.4  Méthode(s) quantitative(s) de confirmation

                    8.2.2.5  Autre(s) méthode(s) spécifique(s)

             8.2.3  Interprétation des analyses toxicologiques

        8.3  Examens biomédicaux et interprétation

             8.3.1  Analyse biochimique

                    8.3.1.1  Sang, plasma ou sérum

                    8.3.1.2  Urine

                    8.3.1.3  Autres liquides

             8.3.2  Analyse des gaz du sang artériel

             8.3.3  Analyses hématologiques

             8.3.4  Interprétation des examens biochimiques

        8.4  Autres examens biochimiques (diagnostiques) et interprétation

        8.5  Interprétation globale de l'ensemble des analyses et examens
             toxicologiques

             - L'iodure de méthyle peut être dosé dans le plasma. Les
             prélèvements doivent être effectués sur un tube de verre,
             hépariné, bouché au téflon.
             - Il est également possible d'évaluer l'exposition à l'iodure
             de méthyle en mesurant l'iodémie (prélèvement sur un tube
             hépariné) et l'iodurie des 24 heures.
             - Enfin l'exposition peut être quantifiée en mesurant
             l'alkylation de l'albumine et/ou de la globine (prélèvement
             sur un tube hépariné).
             - D'autres prélèvements de sang seront utiles à la recherche
             et au suivi des troubles métaboliques induits par l'iodure de
             méthyle: hyperglycémie, dyslipidémie, acidose métabolique...
             Ionogramme sanguin, glycémie, bilan lipidique et bilan
             hépatique seront effectués à la recherche d'anomalies les
             premiers jours de l'intoxication.
             Il est souhaitable de contrôler la fonction thyroïdienne, 7-
             10 jours après l'exposition.
             - Dosage de l'iodure de méthyle dans l'atmosphère, sur le
             lieu de l'intoxication: dans un cas d'intoxication, la
             concentration était de 95 à 143 mg/m3 (Hermouet et coll.,
             1991).
             - Dosage de l'iodure de méthyle dans le sérum ou le plasma:
             dans un cas d'intoxication aiguë par injection intraveineuse
             de 14 g d'iodure de méthyle, la concentration sérique était
             d'environ 60 µg/ml à la 3e heure de l'intoxication (Robertz-
             Vaupel et coll., 1991).
             - Dosage de l'iode dans le sang et les urines: l'iodémie et
             l'iodurie étaient élevées dans plusieurs cas d'intoxication
             (Kiec et Stasik, 1966; Anatovskaia et Iashchenko, 1967; Appel
             et coll., 1975).
             - Mesure de l'alkylation de la globine et de l'albumine.
             Cette quantification n'a jamais été réalisée au cours d'une
             intoxication par l'iodure de méthyle. C'est un bon indicateur
             de l'exposition à d'autres monohalométhanes (Garnier et
             coll., 1996).

        8.6  References

    9.  EFFETS CLINIQUES

        9.1  Intoxication aiguë

             9.1.1  Ingestion

                    Pas de données disponibles.

             9.1.2  Inhalation

                    La plupart des cas d'intoxication humaine
                    publiés font suite à l'inhalation d'iodure de méthyle.
                    Les premières manifestations cliniques surviennent
                    après un intervalle libre de durée variable: de
                    quelques heures à 2 jours. Il s'agit souvent de
                    céphalées, d'une diplopie, de vertiges et de troubles
                    de l'équilibre, d'une confusion et d'une somnolence. A
                    la phase d'état, un syndrome cérébelleux est
                    généralement présent; il est souvent associé à des
                    parésies ou des paralysies oculo-motrices; une
                    atteinte médullaire, motrice et/ou sensitive est
                    possible. La survenue d'un délire et/ou
                    d'hallucinations est fréquente; elle est généralement
                    tardive (après plusieurs jours ou plusieurs semaines
                    d'évolution). La régression de ces troubles
                    neurologiques est très lente; une stabilisation n'est
                    obtenue qu'après plusieurs mois ou plusieurs années.
                    La persistance de séquelles invalidantes neurologiques
                    ou psychiatriques est possible. (Jaquet, 1901; Garland
                    et Camps, 1945; Baselga-Monte et coll., 1965; Kiec et
                    Stasik, 1966; Anatovskaia et Iashchenko, 1967; Appel
                    et coll., 1975; Robertz-Vaupel et coll., 1991;
                    Hermouet et coll., 1996).

             9.1.3  Voie cutanée

                    La contamination de la peau produit une brûlure
                    chimique qui se constitue en plusieurs heures:
                    érythème, vésicules, puis phlyctènes (Buckell, 1950;
                    Appel et coll., 1975; Skutilovà, 1975).

             9.1.4  Contact oculaire

                    Pas de donnée disponible.

             9.1.5  Voie parentérale

                    Chez un homme de 19 ans, l'injection
                    intraveineuse de 6 ml (14 g) d'iodure de méthyle a
                    produit une somnolence, une agitation, une acidose
                    métabolique modérée, puis des convulsions. La
                    concentration plasmatique d'iodure de méthyle était
                    d'environ 60 µg/ml, 3 heures après l'injection. Le
                    malade a été traité par hémoperfusion et N-
                    acétylcystéine. Il a guéri (Robertz-Vaupel et coll.,
                    1991).

             9.1.6  Autres voies

                    Pas de données disponibles.

        9.2  Intoxication chronique

             9.2.1  Ingestion

                    Pas de données disponibles.

             9.2.2  Inhalation

                    Un homme de 42 ans, exposé à l'iodure de
                    méthyle depuis 3 ans, a été hospitalisé une première
                    fois après une inhalation aiguë accidentelle de
                    vapeurs. Quelques heures après l'accident, il se
                    plaignait de vertiges, il était  somnolent et
                    ataxique. Tous ces signes ont régressé en 2 jours; au
                    décours de cet épisode ce travailleur se sentait si
                    déprimé qu'il a commencé une psychothérapie. Il a, par
                    ailleurs, repris son travail. Au cours  des années
                    suivantes, sont survenues des poussées récurrentes de
                    déficits neurologiques focalisés ou multifocaux:
                    diplopie et dysarthrie, 6 mois plus tard; ataxie et
                    troubles sensitifs des membres inférieurs, 3 mois
                    après ce second épisode; syndrome cérébelleux,
                    paralysie bilatérale incomplète de la troisième paire
                    crânienne et dysurie, 7 mois plus tard; syndrome
                    pyramidal et dysurie, un an après ce 4ème épisode.
                    Entre chaque épisode, les troubles neurologiques
                    disparaissaient. Au cours des derniers épisodes, l'IRM
                    a objectivé des foyers de démyélinisation; les
                    potentiels évoqués visuels et somesthésiques ont
                    montré des allongements des temps de conduction
                    centraux; les tests psychométriques ont mis en
                    évidence un déficit mnésique. Toutes ces anomalies ont
                    complètement régressé en 4 ans, à l'arrêt de
                    l'exposition. Il n'y a pas eu de nouvelle poussée
                    (Hermouet et coll., 1996).

             9.2.3  Exposition cutanée

                    Pas de données disponibles.

             9.2.4  Contact oculaire

                    Pas de données disponibles.

             9.2.5  Voie parentérale

                    Pas de données disponibles.

             9.2.6  Autres

                    Pas de données disponibles.

        9.3  Evolution, pronostic, causes du décès

             La régression des troubles neurologiques est
             généralement très lente. Une stabilisation n'est obtenue
             qu'après plusieurs mois ou plusieurs années. La persistance
             de séquelles invalidantes neurologiques ou psychiatriques est
             fréquente.
    
             Un seul cas de décès est rapporté. Un homme de 38 ans employé
             à la synthèse d'iodure de méthyle est hospitalisé pour des
             troubles associant une ataxie, une dysarthrie, un nystagmus,
             un strabisme, ainsi que des fasciculations des extrémités.
             Trois jours plus tard, apparaissent des vomissements et un
             coma. Le malade meurt 8 jours après l'accident (dont les
             circonstances n'ont pu être précisées). L'autopsie révèle une
             congestion de tous les viscères (Garland et Camps,
             1945).

        9.4  Description analytique des effets cliniques

             9.4.1  Cardiovasculaires

                    Robertz-Vaupel et coll. (1991) ont observé une
                    tachycardie sinusale (130/mn) et une hypotension
                    artérielle modérée, chez un homme de 19 ans, 3 heures
                    après l'injection intra-veineuse de 14 g d'iodure de
                    méthyle.

             9.4.2  Respiratoires

                    Il n'a pas été rapporté de troubles
                    respiratoires au cours des intoxications aiguës
                    humaines par l'iodure de méthyle. Expérimentalement, à
                    forte concentration, l'iodure de méthyle a produit une
                    irritation intense des voies respiratoires chez le rat
                    et la souris (Torkelson et Rowe, 1981; Buckell, 1950).

             9.4.3  Neurologiques

                    9.4.3.1  Système nerveux central

                             Le système nerveux central est la
                             principale cible de l'iodure de méthyle. Les
                             premiers signes observés sont généralement
                             des céphalées, des vertiges et des troubles
                             de l'équilibre, une diplopie, un nystagmus,
                             une confusion et une somnolence. Les troubles
                             de conscience sont rarement plus profonds,
                             mais 2 cas de coma sont rapportés (Garland et
                             Camps, 1945; Robertz-Vaupel et coll., 1991)
                             et l'un des deux intoxiqués est décédé
                             (Garland et Camps, 1945).
    

                             A la phase d'état de l'intoxication, un
                             syndrome cérébelleux plus ou moins complet
                             (ataxie, adiadococinésie, dysmétrie,
                             dysarthrie, etc) est généralement présent; il
                             est souvent associé à des parésies ou des
                             paralysies oculomotrices; une atteinte
                             médullaire sensitive et/ou motrice est
                             parfois présente, il s'agit alors fréquemment
                             d'un syndrome pyramidal. La survenue d'un
                             délire et/ou d'hallucinations est habituelle;
                             elle est généralement tardive (après
                             plusieurs semaines ou plusieurs mois
                             d'évolution).
    
                             La régression de ces troubles neurologiques
                             est très lente; une stabilisation n'est
                             obtenue qu'après plusieurs mois ou plusieurs
                             années. la persistance de séquelles
                             invalidantes neurologiques ou psychiatriques
                             est possible (Jaquet 1901; Garland et Camps,
                             1945; Baselga-Monte et coll., 1965; Kiec et
                             Stasik, 1966; Anatovskaia et Iashchenko,
                             1967; Appel et coll., 1975; Robertz-Vaupel et
                             coll., 1991; Hermouet et coll., 1996).

                    9.4.3.2  Système nerveux périphérique

                             Une neuropathie sensitive a été
                             observée dans un cas d'intoxication par
                             l'iodure de méthyle (Hermouet et coll.,
                             1996).

                    9.4.3.3  Système nerveux autonome

                             Pas de données disponibles.

                    9.4.3.4  Muscles lisses et muscles striés

                             Pas d'atteinte musculaire rapportée.

             9.4.4  Gastro-intestinaux

                    Plusieurs auteurs ont rapporté des
                    vomissements, entre le 3e et le 7e jour de
                    l'intoxication (Garland et Camps, 1945; Baselga-Monte
                    et coll., 1965).

             9.4.5  Hépatiques

                    Il n'a pas été rapporté d'atteinte hépatique au
                    cours des intoxications aiguës humaines par l'iodure
                    de méthyle. Expérimentalement, l'intoxication par
                    l'iodure de méthyle produit une déplétion en glutathion
                    hépatique (Di Simplicio et coll., 1984).

             9.4.6  Urinaires

                    9.4.6.1  Rénaux

                             Deux cas d'oligurie, probablement en
                             rapport avec une deshydratation, ont été
                             rapportés (Garland et Camps, 1945;
                             Anatovskaia et Iashchenko, 1967).
                             Expérimentalement, de fortes doses d'iodure
                             de méthyle ont produit une atteinte tubulaire
                             rénale, chez la souris (Buckell, 1950).

                    9.4.6.2  Autres

                             Dans un cas, l'exposition répétée à
                             l'iodure de méthyle a été responsable d'une
                             dysurie, chez un homme de 45 ans. L'étude
                             urodynamique a montré une hyperactivité de la
                             vessie et des sphincters avec une dyssynergie
                             des sphincters striés et une spasticité du
                             périnée. (Hermouet et coll., 1996).

             9.4.7  Endocriniens, et effets sur l'appareil génital

                    30 à 40% de l'iode introduit dans l'organisme,
                    sous forme d'iodure de méthyle, sont accumulés dans la
                    thyroïde (Morgan et Morgan, 1967). Il n'a jamais été
                    rapporté de dysfonctionnement thyroïdien imputable à
                    l'iodure de méthyle.

             9.4.8  Dermatologiques

                    L'iodure de méthyle est fortement irritant. En
                    cas de contact direct, il produit une brûlure chimique
                    qui se constitue en plusieurs heures: érythème,
                    vésicules, puis phlyctènes (Buckell, 1950; Appel et
                    coll., 1975; Skutilovà, 1975).

             9.4.9  Oculaires et otorhinolaryngologiques: effets locaux

                    Pas d'effet rapporté au cours des intoxications
                    aiguës humaines.

                    Expérimentalement l'iodure de méthyle est fortement
                    irritant pour les muqueuses oculaires, en cas de
                    contact direct (RTECS, 1997). A fortes concentrations,
                    les vapeurs sont irritantes pour les yeux et les voies
                    respiratoires (Buckell, 1950).

             9.4.10 Hématologiques

                    Pas de données disponibles.

             9.4.11 Immunologiques

                    Pas de données disponibles.

             9.4.12 Métaboliques

                    9.4.12.1 Equilibre acido-basique

                             Une acidose métabolique modérée a
                             été observée, 3 heures après l'injection
                             intraveineuse de 14 g d'iodure de méthyle,
                             chez un homme de 19 ans (Robertz-Vaupel et
                             coll., 1991).

                    9.4.12.2 Equilibre hydroélectrolytique

                             Il n'a pas été rapporté de trouble
                             électrolytique au cours des intoxications
                             aiguës humaines par l'iodure de méthyle.

                    9.4.12.3 Autres

                             Chez deux travailleurs exposés à
                             l'iodure de méthyle, il a été observé une
                             hypertriglycéridémie (Hasegawa et coll.,
                             1971). La même anomalie a été produite par
                             administration sous-cutanée d'iodure de
                             méthyle chez le lapin (Hasegawa et coll.,
                             1971; Ohmichi, 1977; Matsui et coll., 1982).

                             Expérimentalement, chez le lapin,
                             l'administration d'iodométhane provoque
                             également une hyperglycémie et une
                             hyperinsulinémie (Ohmichi, 1977; Matsui et
                             coll., 1982).

             9.4.13 Réactions allergiques

                    Pas de données disponibles.

             9.4.14 Autres effets cliniques

                    Pas de données disponibles.

             9.4.15 Risques particuliers

                    L'iodure de méthyle est un agent alkylant. Il
                    est génotoxique. L'exposition des femmes enceintes
                    doit donc être évitée, surtout au cours du premier
                    trimestre.

        9.5  Autres

             Pas de données disponibles.

        9.6  Résumé

    10. TRAITEMENT

        10.1 Principes généraux

             En cas de contamination cutanée ou oculaire, un lavage
             immédiat à l'eau doit être effectué et prolongé pendant au
             moins 15 minutes.
             La surveillance et le traitement de l'intoxication doivent
             être effectués en milieu spécialisé.
             Le traitement est symptomatique. Il n'y a pas d'antidote
             validé.

        10.2 Maintien des fonctions vitales et traitement symptomatique

             Evaluation et maintien des fonctions vitales,
             respiratoires, cardio-circulatoires et neurologiques.
             Réanimation hydro-électrolytique.
             Il peut être nécessaire de corriger l'agitation par
             l'administration de benzodiazépines.

        10.3 Décontamination

             Les projections cutanées ou oculaires nécessitent un
             lavage précoce à l'eau qui sera prolongé pendant au moins 15
             minutes.

        10.4 Elimination

             Dans un cas d'intoxication aiguë par injection
             intraveineuse de 14 g d'iodure de méthyle, le malade a
             bénéficié d'une séance d'hémoperfusion de 5 heures. La
             concentration sérique d'iodure de méthyle était d'environ 60
             µg/ml à la 3e heure de l'intoxication, au début de
             l'hémoperfusion; elle n'était plus que de 0,2 µg/ml à la fin
             de la séance (Robertz-Vaupel et coll., 1991). Cette chute
             spectaculaire de la concentration plasmatique de l'iodure de
             méthyle n'est pas une démonstration de l'intérêt de

             l'hémoperfusion dans le traitement de l'intoxication. En
             effet, l'iodure de méthyle est une substance très lipophile
             et son volume de distribution est certainement élevé. D'autre
             part, il est rapidement métabolisé par conjugaison avec le
             glutathion ou en formant des liaisons covalentes avec
             diverses macromolécules.

        10.5 Traitement antidotique

             10.5.1 Adultes

                    Robertz-Vaupel et coll. (1991) ont rapporté
                    l'observation d'un homme de 19 ans qui s'était injecté
                    volontairement une dose évaluée à 14 g d'iodure de
                    méthyle, par voie intraveineuse. Il a été traité par
                    hémoperfusion et a reçu de la N-acétylcystéine (150
                    mg/kg en dose de charge, par voie intraveineuse; puis,
                    10 mg/kg/heure pendant 4 jours en perfusion continue).
                    Il n'a eu qu'une intoxication bénigne. Cette
                    observation est en faveur de l'efficacité de la
                    N-acétylcystéine et d'un rôle majeur de la déplétion
                    en glutathion et de l'alkylation des macromolécules
                    cellulaires dans le mécanisme des effets toxiques de
                    l'iodure de méthyle. Elle n'en est cependant pas une
                    démonstration.
                    Actuellement, il n'est pas souhaitable d'utiliser cet
                    antidote pour le traitement des malades intoxiqués par
                    l'iodure de méthyle (Hermouet et coll., 1996).

             10.5.2 Enfants

                    Pas de données disponibles.

        10.6 Discussion des modalités thérapeutiques

             Le traitement de l'intoxication aiguë par l'iodure de
             méthyle est symptomatique.
             Dans un cas d'intoxication aiguë par injection intraveineuse
             de 14 g d'iodure de méthyle, le malade a bénéficié d'une
             séance d'hémoperfusion de 5 heures. La concentration sérique
             d'iodure de méthyle était d'environ 60 µg/ml à la 3e heure de
             l'intoxication, au début de l'hémoperfusion; elle n'était
             plus que de 0,2 µg/ml à la fin de la séance (Robertz-Vaupel
             et coll., 1991). Cette chute spectaculaire de la
             concentration plasmatique de l'iodure de méthyle n'est pas
             une démonstration de l'intérêt de l'hémoperfusion dans le
             traitement de l'intoxication. En effet, l'iodure de méthyle
             est une substance très lipophile et son volume de
             distribution est certainement élevé. D'autre part, il est
             rapidement métabolisé par conjugaison avec le glutathion ou
             en formant des liaisons covalentes avec diverses
             macromolécules.
    

             Robertz-Vaupel et coll. (1991) ont rapporté l'observation
             d'un homme de 19 ans qui s'était injecté volontairement une
             dose évaluée à 14 g d'iodure de méthyle, par voie
             intraveineuse. Il a été traité par hémoperfusion et a reçu de
             la N-acétylcystéine (150 mg/kg en dose de charge, par voie
             intraveineuse; puis, 10 mg/kg/heure pendant 4 jours en
             perfusion continue). Il n'a eu qu'une intoxication bénigne.
             Cette observation est en faveur de l'efficacité de la
             N-acétylcystéine et d'un rôle majeur de la déplétion en
             glutathion et de l'alkylation des macromolécules cellulaires
             dans le mécanisme des effets toxiques de l'iodure de méthyle.
             Elle n'en est cependant pas une démonstration.
    
             Par ailleurs, certains travaux expérimentaux indiquent que le
             mécanisme probable des effets neurotoxiques de l'iodure de
             méthyle est différent: la conjugaison avec le glutathion
             aboutit à la formation de formaldéhyde et d'hydrogène
             sulfuré, qui pourraient être les espèces toxiques ultimes,
             l'hydrogène sulfuré, particulièrement, en bloquant la
             cytochrome oxydase mitochondriale (Bonnefoi, 1992).
             Si cette hypothèse était exacte, l'administration de
             N-acétylcystéine pourrait aggraver au lieu de diminuer la
             toxicité de l'iodure de méthyle. Des études complémentaires
             sont nécessaires pour valider ou infirmer ces hypothèses
             physiopathologiques et évaluer les effets du traitement par
             la N-acétylcystéine. Actuellement, il n'est pas souhaitable
             d'utiliser cet antidote pour le traitement des malades
             intoxiqués par l'iodure de méthyle (Hermouet et coll.,
             1996).

    11. ILLUSTRATION PAR DES CAS CLINIQUES

        11.1 Cas publiés

             Très peu d'articles concernent l'intoxication par
             l'iodure de méthyle.
    
             - Jaquet en 1901 a décrit le premier cas d'intoxication par
             l'iodométhane chez un homme de 30 ans, ouvrier dans une usine
             de colorants. Celui-ci a présenté des vertiges, des troubles
             de l'équilibre et de la marche, une diplopie, une agitation
             et une confusion. Au cours de l'évolution sont apparues une
             indifférence, une diminution des performances intellectuelles
             et des idées dépressives. Jaquet est le premier à noter la
             similitude des symptômes survenant après intoxications par
             l'iodométhane et le bromométhane.
    
             - En 1945, Garland et Camps ont rapporté une intoxication
             d'évolution fatale chez un homme de 38 ans travaillant dans
             l'industrie chimique. Un premier épisode de vertiges et de
             diarrhée a nécessité un arrêt de travail. Lors d'une
             réexposition, quelques mois plus tard, le travailleur a
             présenté des vomissements, des troubles de la marche et de la

             parole, un nystagmus et des troubles de l'oculomotricité. Le
             fond d'oeil était normal, la ponction lombaire également. Une
             oligurie est apparue. Les vomissements ont repris le 3e jour
             de l'intoxication, puis un coma s'est installé et le décès
             est survenu 8 jours après les premiers signes. L'autopsie a
             révèlé une congestion de tous les viscères. L'examen des
             poumons a montré une bronchopneumopathie avec des plages
             d'infarcissement hémorragique.
    
             - En 1965, Baselga-Monte et coll. décrivent l'intoxication
             d'un homme de 34 ans, employé dans un laboratoire
             pharmaceutique. Une période de latence de 2 jours est notée
             entre la dernière manipulation dangereuse et la survenue des
             premiers signes. Une obnubilation, des vomissements, puis un
             syndrome cérébelleux avec adiadococinésie, dysmétrie,
             incoordination de la marche et dysarthrie sont d'abord
             observés. Il existe également un nystagmus et un signe de
             Romberg. Des altérations diffuses sont notées sur l'EEG.
             Celles-ci disparaissent 22 jours après l'intoxication. Le
             syndrome psychiatrique comprend une hypochondrie, un
             dédoublement de la personnalité, une dépression avec
             indifférence affective. Les examens biologiques sont normaux,
             hormis une augmentation des a2-globulines. Le fond d'oeil est
             normal. Quatre mois après l'intoxication, les signes
             neurologiques ont disparu.
    
             - Kiec et Stasik (1966) présentent 2 cas d'intoxication par
             l'iodométhane, chez des ouvriers travaillant dans une usine
             de production. Le premier, âgé de 30 ans, présente des
             céphalées, des vertiges, une diplopie et une dysarthrie, une
             agitation et un nystagmus. L'examen clinique objective un
             syndrome cérébelleux. L'EEG est sous volté, sans signe en
             foyer. On retrouve de l'iode dans les urines. Cinq mois après
             l'intoxication, l'EEG reste perturbé.
             Le 2e ouvrier est âgé de 35 ans. Il présente des troubles de
             la mémoire, des céphalées, des vertiges, une ataxie et une
             dysarthrie. L'examen clinique retrouve un syndrome
             cérébelleux associé à un syndrome pyramidal. Le fond d'oeil
             montre une sténose des artères rétiniennes et une dilatation
             veineuse. L'EEG est perturbé (sous-volté sans signe de
             localisation). De l'iode est détecté dans les urines. Au
             cinquième mois, l'EEG est redevenu presque normal, mais des
             signes d'encéphalopathie persistent.
    
             - En 1967, Anatovskaia et Iashchenko décrivent une
             intoxication chez une femme de 38 ans travaillant dans une
             usine de synthèse chimique. Elle se plaint de difficultés à
             la marche et de sensations vertigineuses. Il existe une
             diplopie et une paralysie de l'oculomotricité.
             Ultérieurement, surviennent une ataxie, une dysarthrie et une
             tétraparésie, puis des épisodes d'hallucinations auditives.
             On trouve des concentrations d'iode élevées dans les urines
             ainsi que dans le liquide céphalorachidien. Le fond d'oeil

             est normal. Les troubles neurologiques diminuent
             progressivement, il persiste néanmoins une ataxie et une
             dysarthrie, un an après l'intoxication.
    
             - Appel et coll. en 1975, décrivent le cas d'un chimiste de
             41 ans. Ce patient présente un épisode d'intoxication
             subaiguë, avec troubles de la marche, dysarthrie et troubles
             de la vue avant d'être hospitalisé; le tableau comprend alors
             des troubles de la mémoire, un nystagmus, une diplopie, une
             ataxie, une dysmétrie et une dysarthrie. Il existe également
             une blessure du pouce droit due à une coupure sur un verre du
             laboratoire; sous le bandage, on remarque une brûlure du 2e
             degré. Le bilan biologique est normal. La ponction lombaire
             montre une hyperprotéinorachie, une hyperglycorachie et la
             présence de 357 hématies, il n'y a pas de leucocyte. Le taux
             de gammaglobulines est de 8%. La recherche qualitative d'iode
             organique dans les urines est fortement positive.
             L'augmentation de l'iode sérique est de 31 µg/100 ml, l'iode
             dans le LCR est de 5,3 µg/100 ml. L'EEG montre un
             ralentissement diffus avec des ondes delta et thêta non
             focalisées. Alors que les signes neurologiques disparaissent
             progressivement, s'installe une paranoïa associée à des
             hallucinations visuelles et auditives. Les tests
             psychométriques montrent un QI à 106. Cinq mois après
             l'intoxication, l'examen neurologique est normal, il existe
             encore quelques idées paranoïaques par intermittence.
    
             - Skutilovà, en 1975, rapporte un cas de brûlure cutanée,
             sans signe d'intoxication systémique, chez une femme qui
             avait manipulé de l'iodure de méthyle avec des gants de
             caoutchouc.
    
             - Chez un homme de 19 ans, l'injection intraveineuse de 6 ml
             (14 g) d'iodure de méthyle a produit une somnolence, une
             agitation, une acidose métabolique modérée, puis des
             convulsions. La concentration plasmatique d'iodure de méthyle
             était d'environ 60 µg/ml, 3 heures après l'injection. Le
             malade a été traité par hémoperfusion et N-acétylcystéine. Il
             a guéri. (Robertz-Vaupel et coll., 1991).
    
             - Hermouet et collaborateurs, en 1996, ont rapporté un
             nouveau cas d'intoxication aiguë par l'iodure de méthyle et
             un cas d'intoxication chronique.
             Les 2 travailleurs synthétisaient l'iodure de méthyle à
             partir de sulfate de diméthyle et d'iodure de potassium ou de
             sodium. Les protections utilisées étaient insuffisantes et la
             métrologie d'ambiance a montré une forte exposition à
             l'iodure de méthyle: les concentrations atmosphériques
             étaient comprises entre 95 et 143 mg/m3.
             Le premier intoxiqué est un homme de 59 ans qui se plaignait
             de céphalées et d'une diplopie apparues quelques heures après
             une exposition à l'iodure de méthyle. L'examen clinique a
             révélé des tremblements, une ataxie, une dysmétrie et une

             paralysie incomplète du nerf moteur oculaire commun gauche
             avec un strabisme, sans ptosis ni mydriase. Ces troubles
             neurologiques ont régressé en 3 semaines; à ce moment, le
             malade a commencé à se plaindre d'idées dépressives. Il a
             quitté l'hôpital 5 semaines après l'accident et a été perdu
             de vue.
             Le second intoxiqué est un homme de 42 ans qui est exposé
             depuis 3 ans à l'iodure de méthyle. Il est d'abord
             hospitalisé après une contamination accidentelle, pour une
             somnolence, des vertiges et une ataxie. Ces troubles
             régressent en 2 jours mais à leur décours, le malade se sent
             si déprimé qu'il entreprend une psychotérapie.
             Par ailleurs, il reprend son travail et au cours des années
             suivantes plusieurs poussées de troubles neurologiques
             focalisés ou multifocaux sont survenus. Pendant la première,
             l'ataxie réapparaît et s'accompagne de paresthésies
             douloureuses des pieds; ces troubles rétrocèdent en quelques
             semaines. La 2ème poussée survient 6 mois plus tard. Le
             malade se plaint alors d'une diplopie et d'une dysarthrie;
             ces manifestations disparaissent un mois. Trois mois plus
             tard, survient la 3e poussée, avec des paresthésies des pieds
             et une ataxie; à nouveau ces troubles guérissent en un mois.
             Sept mois plus tard, le malade est hospitalisé pour des
             vertiges, une ataxie, une dysarthrie, une baisse de l'acuité
             visuelle et une dysurie. L'examen clinique révèle un syndrome
             cérébelleux et une paralysie bilatérale incomplète de la 3e
             paire crânienne. La protéinorachie est de 44 mg/dl avec 10,6%
             d'IgG. L'électronystagmogramme montre une hypoexcitabilité
             vestibulaire bilatérale. Les réflexes stapédiens et
             l'électrorétinogramme sont normaux. L'électroencéphalogramme
             montre des anomalies diffuses avec des rythmes irréguliers.
             L'examen tomodensitométrique cérébral révèle une petite
             lésion hypodense du noyau caudé droit. Le diagnostic de
             sclérose en plaques est évoqué et un traitement par
             corticoïdes est mis en oeuvre. Toutes les anomalies
             disparaissent en 3 mois. Au décours de cette épisode, le
             malade est très déprimé. Il reprend néanmoins son travail.
             Une nouvelle poussée apparait un an plus tard avec des
             paresthésies des pieds, une asthénie, un syndrome pyramidal
             bilatéral, sans syndrome cérébelleux et sans trouble visuel.
             Le malade se plaint à nouveau d'une dysurie et l'étude
             urodynamique montre une hyperactivité de la vessie et des
             sphincters avec une dyssynergie des sphincters striés et une
             spasticité du périnée. Il n'y a pas d'hyperprotéinorachie; la
             concentration des IgG dans le LCR est normale et
             l'électrophorèse ne montre pas de pic monoclonal. Les
             potentiels évoqués visuels, auditifs et somesthésiques des
             membres supérieurs sont normaux. Les potentiels évoqués
             somesthésiques des membres inférieurs montrent un allongement
             des temps de conduction centraux et périphériques. L'IRM
             cérébrale révèle des lésions de la substance blanche de la
             région frontale interne et des noyaux gris (noyaux
             lenticulaires droit et gauche, noyau caudé droit). Les tests

             psychométriques objectivent des difficultés mnésiques,
             portant, en particulier, sur la mémoire à court terme. La
             responsabilité de l'iodure de méthyle est alors évoquée pour
             la première fois. L'exposition est définitivement
             interrompue. Tous les signes régressent. Il n'y a pas de
             nouvelle poussée. Quatre ans après l'arrêt de l'exposition,
             il ne persiste qu'une discrète dysurie, un minime déficit
             mnésique et un léger allongement des temps de conduction
             centraux des potentiels évoqués somesthésiques des membres
             inférieurs. L'IRM ne montre plus qu'une petite lésion
             paraventriculaire droite.

    12. INFORMATIONS COMPLEMENTAIRES

        12.1 Mesures de prévention

             L'iodométhane doit être utilisé en vase-clos. Les
             concentrations atmosphériques doivent être en-dessous des
             valeurs limites d'exposition. La ventilation du local doit
             être correcte et des mesures régulières des taux
             atmosphériques devraient être effectuées.
    
             Si les contrôles atmosphériques ne sont pas réalisables,
             lorsqu'ils font défaut, ou en cas d'urgence, le port d'un
             masque à adduction d'air est nécessaire.
    
             Les travailleurs exposés doivent revêtir une tenue
             protectrice, ainsi que des lunettes et des gants.
    
             Les vêtements contaminés par l'iodométhane doivent être
             retirés immédiatement et la peau lavée à l'eau courante
             pendant 15 minutes.

        12.2 Autres

    13. REFERENCES

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    14. AUTEUR, LECTEURS, DATES, ADRESSES

        Auteur:C. Hermouet
        Centre Anti-Poisons de Paris
        200 rue du faubourg Saint Denis
        75475 Paris cedex 10
        France
    
        Groupe de révision: Stasbourg, France, avril 1990
    
        Mise à jour: R Garnier, Centre Anti-Poisons de Paris
        Avril 1997
    
        Lecteur:MO Rambourg Schepens
        Centre Anti-Poisons de Champagne Ardenne
        Centre Hospitalier Universitaire
        51092 Reims Cedex
        France
    
        Juin 1997
    



    See Also:
       Toxicological Abbreviations
       Methyl iodide (ICSC)
       Methyl Iodide  (IARC Summary & Evaluation, Volume 15, 1977)
       Methyl Iodide  (IARC Summary & Evaluation, Volume 41, 1986)
       Methyl Iodide  (IARC Summary & Evaluation, Volume 71, 1999)